Certes, j'avais vu à la tv quelques phénomènes, entendu quelques cris, des slogans, cherché à comprendre comment ces faux "pauvres" - ce n'est pas la plaine st denis, ni montfermeil - aux faces souvent rubicondes, dont certaines pourraient être cadres supérieurs, et de qui les intérieurs m'ont paru souvent bien confortables et coquets avaient pris feu.
j'avais cherché à analyser le phénomène, car je n'y comprenais rien : qui, quand, pourquoi, comment ? rien n'apparaissait clair. Pourquoi s'installer en plein hiver autour d'un rond point, et beugler ?
lettre du 7 (vendredi ) décembre, à un ami
Ce qui est
certain, c’est que ce n’est pas mai 1968, pour l’instant les usines ne sont pas
en grève, il n’y a pas de défilés syndicaux, les services publics semblent
fonctionner, les trains aussi. Deuxième point, une sorte d’étrangeté, dont
l’exemple est l’incendie, puis les injures reçues par le Président lors de sa visite, de la
Préfecture du Puy, pays ô combien conservateur, et si peu révolutionnaire.
Enfin, aussi, pour beaucoup, de l'impression que font les gens qu’on peut voir à la tv, qui n’ont pas plus l’air démunis que
la moyenne des français. A noter que les banlieues dites pauvres, et il n’en
manque pas, restent tranquilles ! et pour conclure, cette absence
d’organisation, qui ne sont pas les soviets sans Lenine ou Trotsky, avec pour
mot d’ordre de prendre l’Elysée ! l'Elysée, pour quoi faire ?
On parle de
crise de la représentation ! sans doute, des sachants disent aussi que le
peuple a été oublié – et c’est vrai que le dernier référendum remonte à 2005 –
que les élites sont arrogantes, que la mondialisation fait que, le recul des
services publics, et surtout le syndrome d’égalité qui marquerait les français.
Il y a sans
doute aussi ce qu’on appellerait le syndrome gaulois, cette manie des flambées
brusques, des poussées de colère, de ces querelles entre français. Et bcp de
maladresses publiques.
Il est à noter
que toutes nos grandes crises, nos mutations, sont issues de problèmes de
finances publiques (révolution, 1848, et même mai 1958) et le problème
aujourd’hui est que la dette publique est de 2200 milliards, avec un déficit
budgéraire considérable, donc les boulons à serrer.
Pour ma part,
je pense qu’il y a un peu de tout cela, plus le fait que la civilisation
moderne – pour faire simple, la position de Bernanos sur le monde des robots – n’est
pas source de bonheur, mais de stress permanent, avec la précarité, les crédits
a payer, les enfants qui bambochent, et les couples qui explosent ! et
Macron, avec ses certitudes, et son aplomb est devenu le symbole de tout ce
qu’ils craignent ou exécrent, car le moindre mouvement fait mal, quand vous
êtes malade ou attaché à avant !! ce qui expliquerait que des endroits
traditionnels comme le Puy, Narbonne, le Pouzin explosent !! et que les
radars en hte loire aient été tous vandalisés. Le vieux peuple paysan craque.
Cela c’est le
diagnostic, sans certitude. Quelle doit être l’action ? personnellement,
j’aurais imposé l’état d’urgence à Paris, pour éviter ce que je crains. Enfin,
peut être lancerais je sous une forme ou une autre un référendum (mais quel
sujet ? les impots ? le welfare state ?) ou plutôt un vaste
débat télévisé entre gilets jaunes et le gouvernement, sur leurs
revendications. Au moins, on pourrait espérer que la raison et les chiffres
l’emportent devant le Peuple. J’ai souvent l’impression que le mur des Réalités
est ignoré.
Vous
m’accorderez que ce n’est pas spécialement français. On le voit pour l’Italie,
pour les USA, qui malgré la politique suivie, n’ont jamais eu une balance
commerciale aussi déficitaire, pour la Grande Bretagne et son Brexit, etc.
J’espère que
la Raison, chère à Richelieu l’emportera, mais je n’en suis pas sûr. Il y a
beaucoup de folie dans l’air, ou d’inexpérience. Des arrestations préventives auraient dû
avoir lieu, pour le moins. La police manque t’elle de moyens ? ou de confiance ?
Nous verrons,
j’ai l’impression parfois d’habiter sur une autre planète.
Depuis cette date, les évènements se sont succédés, sans faire avancer la réflexion. Le gouvernement a lâché 10 milliards, demande aux autres d'en lâcher encore, sans que l'on soit sûr de l'impact et de la justice sur 130.000 excités. Comme je le prévoyais, rien n'a changé, et seul un temps froid, pluvieux, ajouté à un attentat, a remis un peu de sang froid sur toute cette fièvre.
La vision des gilets jaunes rue de Sevres m'a plus tard fait penser aux poilus de 1918. Ces gilets jaunes auraient ils tenu face aux mêmes circonstances ? pourquoi un homme tient, et un autre ne tient pas ? avec les mêmes forces physiques etc.
M'est alors revenu un thème qui m'est cher : la différence des écritures de cette époque et la nôtre. Celles d'alors sont marquantes, certains diraient appliquées, d'autres les qualifieraient de simples. Mais le point commun, outre l'orthographe, est la simplicité, une petitesse souvent, la lisibilité, et surtout au niveau du texte entier, la structure. Tout est ordonné, contrôlé, souvent clair, même sur une petite surface, les lettres ne se chevauchent pas, ne partent pas dans tous les sens, les lignes se tiennent sur leur base, les espaces sont agreables, "normaux"., bref, l'écriture est structurée. et tout le montre. peut etre une certaine convention, mais on sent l'ossature.
aujourd'hui, de telles écritures sont rarissimes. souvent les écritures d'aujourd'hui sont mal formées, avec des inégalités de hauteur, des jambages et boucles "stars", des écritures mal calibrées, jetées à la hâte, avec parfois une certaine maladresse, sur une ligne de base fluctuante. Des signatures souvent horribles, disproportionnées, inquiétantes. Bref, l'équivalent de Rothko, là où on avait Monet et son Angelus. ah l'écriture de Monet, un océan de soleil et de nature.
Pire encore, ce n'est pas limité aux classes dites moyennes. Je me souviens avoir découvert sur un tract électoral l'écriture de Sarkozy avant son élection. C'était effrayant ! et les évènements ont confirmé cette inflation du Moi, cette nervosité, ce manque de délicatesse, de lucidité, de silence, ce narcissisme,
J'ai toujours en tête la vision de Trump signant ostensiblement son premier décret !! aucun doute n'était à avoir ! il n'aurait pas davantage confessé sa vie et sa personnalité.
Hier soir, parce que je m'étonnais encore, j'ai vu dans un éclair qu'une telle absence de structuration - marque du siècle ? - de la tête à la base, ne pouvait que donner de tels résultats. Le Roi est bien nu, et personne ne le voit. C'est comme si tout le monde portait des lunettes déformantes, changeant la réalité.
A la folie des gilets jaunes, et de bien d'autres, on peut mettre en face celle de gouvernants qui ont célébré, ou fait cas, de phénomènes aussi insolites que la mort de Johnny Halliday, Aznavour, célébrée nationalement, alors qu'ils ont été des fraudeurs fiscaux avérés !!! Oui, on marche cul sur dessus tête. Bigard au Vatican ? pourquoi pas le Pape dans un bordel ? oui, la structuration, savoir ce qui se fait, ou pas, doit se faire, ou ne se fait pas. Les limites fortes, les repères du controle, l'insertion dans un monde vivant.
D'où cela vient il ? car c'est assez général, mais évidemment plus sur les châines tv, les vedettes sans intéret, tout cet environnement qui exerce une pression incessante sur des individus malléables. Comment redresser les choses ?
j'y pense encore, en reliant cela à un livre ignorée de Bernanos, ou plutot une suite de conférences, "la liberté, pourquoi faire ?"
Sa conviction était, sa prophétie dirais je, que le monde mécanique prend le pas sur tout, et transforme l'homme (il prenait l'exemple sur les nazis et les américains du taylorisme), en lui mangeant son honneur, sa dignité. Bref, les robots, les machines, le monde moderne sous toutes ses formes ont tué l'homme et la civilisation, nous sommes devenus des sauvages !!
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