Il est toujours difficile d'analyser de loin un évènement non vécu de l'intérieur, loin du terrain, comme si trop de choses nous échappaient, une réalité fugitive, multiple, qu'il faudrait pourtant non seulement apercevoir, mais décrire, et décortiquer.
Il s'agit bien sûr de l'élection américaine !! Bien malgré moi, dubitatif et incertain, deux fois depuis l'été, j'avais fait le tarot, "pour voir". Les deux fois, non sans m'étonner, le résultat fut Trump, et j'en ai témoignage.
Le tarot serait il meilleur prophète que tous les sondages et que les professionnels ? pour un peu, j'éclaterais de rire en écrivant cela.
Mon intuition pourtant enregistrait plusieurs faits, concomitants. Il y a une quinzaine, un reportage fort bien fait d'ARTE présentait les deux candidats, sous un jour inattendu, à savoir leur éducation, leur enfance, leur programmation en quelque sorte. Il est certain que le père de Trump fut terrible, mais qu'il lui a appris à envisager tous les défis, dont l'élection, à laquelle l'intéressé pensait depuis au moins depuis vingt ans.
Ce qui était frappant dans les dernières semaines était aussi l'enthousiasme d'une foule nombreuse - disons de petits blancs pour simplifier, mais pas que - de supporters de Trump, avec des accents de télé réalité, comme si 50 ans de tv commerciale ne pouvait que produire cela, pour simplifier les feux de l'Amour version politique.
Plus sérieusement, trois faits n'ont pas été pris en compte . Le premier, c'est que depuis la guerre, jamais un parti n'a effectué trois mandats de suite à la Maison Blanche. donc il y a une volatilité intrinseque dans le vote américain. Le second, justement, c'est qu'Hillary était là depuis au moins 25 ans, et visible, avec tout ce que cela suppose de lassitude, de rancune, de manque d'enthousiasme, la fraîcheur donc. Plus des soupçons assez forts en ce qui concerne le financement de la Fondation Clinton par le Qatar (suivez mon regard....
Enfin, il semble que contrairement à ce qui a été dit, beaucoup d'américains se sont faits inscrire sur les listes électorales. On parle de 70 millions, passant de 130 à 200 millions d'électeurs, ce qui serait considérable. Je ne sais pas si cela est vrai, le résultat est que finalement le nombre de voix est similaire, avec 60 millions de voix chacun, et un écart de 1 million de voix, minime finalement à cette échelle.
Bref, plus que ces facteurs somme toute rationnels, le besoin de la nouveauté, un langage imprimant, etc, ce qui est plus étonnant est l'enchaînement des facteurs aboutissant à la désignation de Trump comme candidat républicain.
Si en France, Mme Bettencourt, Pinault ou Arnault entamaient le même parcours - Dieu, ils semblent s'en garder - quelle serait notre réaction ? Tout au plus le Canard Enchaîné secouerait les ailes.Mais jamais un chef d'entreprise français n'est descendu dans l'arène, avec pour seule arme son expérience professionnelle.
Il y a eu des milliardaires dans le passé candidats aux USA. Ils ont lamentablement échoué. Ce n'est donc pas le facteur "réussite", qui explique Trump.
Ce ne sont pas non plus ses compétences, type Bush Père,, qui avait une expérience mondiale assez complète, comme directeur de la CIA, et ambassadeur.
Il y a indéniablement un charisme de Trump, même s'il ne semble pas être un orateur. Mais c'est un homme familier des médias, de la TV, d'une sorte de télé-réalité permanente depuis son premier mariage.Comme si l'homme gonflait une émission et en déroulait le fil. Il était devenu familier, apparemment reconnu, tout en rentrant dans un autre domaine. Montand, en France, avait joué ce jeu, mais les français étaient encore libres ou disons indépendants. Là, ce mélange de fêtes, de rêves, de cris, de propos grivois a déchainé un enthousiasme débordant, une ivresse. Il est pour moi hautement significatif que son colistier est un ancien présentateur radio, et lui bien sûr connu pour ses émissions. Tout se passe comme si - et c'est désormais vrai de la France - comme si les "mots" des hommes politiques n'arrivaient plus aux électeurs - que retient on du programme de l'un ou de l'autre à la primaire , qu'en sait on ? - et qu'il fallait être une bête de scène d'abord, faire le show ! Le phénomène Grillo, lui ancien homme de tv, à l'échelle USA. Tiens, j'oublie l'expérience Berlusconi, dans la série.
Que seront les lendemains ? après tout, les allemands avaient bien élu Hitler, et les italiens Mussolini. Mais les USA sont la première nation du Monde, et surtout le cerveau contrôleur de bien des évènements. Même dans la famille Bush, avec les mêmes chromosomes, il y a eu des différences énormes dans la politique.
L'intelligence n'est pas un facteur critique pour être un président acceptable aux USA, qu'on le déplore ou non. IL y eu Gerard Ford, Carter, et sans doute bien d'autres. Mais c'était en général des gens qui acceptaient de rester au second plan, pas de vouloir tout changer. Mais Truman fut une révélation, tout vendeur d'aspirateurs qu'il fut au départ.
Ce qui est effrayant dans ce cas, et dans un sens, est ce mélange à la fois de détermination - vouloir la première place, être persuadé d'avoir raison contre tous etc - et d'amateurisme politiquen, voire d'ignorance profonde. . Ni la Chine ni la Russie ne peuvent pas en tenir compte..
Hier soir, justement, pour me consoler avec la lucidité de quelques uns, et trouver quelques arguments à répondre à un de mes amis qui "datait" Mauriac, je relus quelques pages de celui ci, de 1926 pour être précis, et quelle fraîcheur elles avaient, et tout ou presque était la dedans, cette societé du spectacle, l'égarement des âmes, la condition féminine. Et je notais aussi que même un Général fameux, au bout de 8 ans, avait lassé son peuple. Je ne doute pas , en même temps que j'apprends la fin de la diffusion des Feux de l'Amour - une époque - qu'un jour l'écran s'éteindra aussi sur M. TRUMP comme il s'est déjà éteint sur sa première épouse !!
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