Une des phrases célèbres de F. Mauriac - plus exactement une reprise de l'Evangile - mais qu'il cite souvent est : "Que trouvera le Fils de l'Homme quand il reviendra sur terre ?"
C'est souvent une question que je me pose, en ces temps de Noël, qui est devenu là aussi en 50 ans une fête de la Bouffe dans toutes ces formes.
Même les non catholiques se veulent de célébrer Noel, sous cette forme paiënne, bouffe, réunions familiales, et cadeaux.
Dans mon enfance, Noël était très différent. On célébrait d'abord Jesus et Beethléem. Enfant, je n'allais pas à la messe de Minuit, et je me pense que ma première fut à 8 ans Mais il n'y avait pas de réveillon. Tout juste une collation après la messe. l'église était pleine. Certes, les hommes étaient moins nombreux. Mais les communions étaient innombrables. Après la 3°messe, légère collation, simple, pas un vrai repas, et cncore moins de beuveries.
Le Père Noel, déposait dans la nuit au pied du sapin les cadeaux, et que pour les enfants. Et pas des montagnes. le jour de Noel, repas familial, tant que la grand mère fut vivante. Après ce furent les soeurs qui l'organisèrent, chacune apportant un plat.
Les cadeaux pour les adultes, qu'on appelait alors étrennes, étaient là aussi codifiés. Une écharpe pour le père, une eau de cologne bon marché, parfois une boite de chocolat pour les voisins, et toujours quelque chose pour l'institutrice, qu'on lui portait à la rentrée.
L'autre jour, au téléphone, je parlais à une personne âgée de 96ans, qui s'appelle BLANC. Elle me demandait ce que je ferais comme cuisine pour Noel. Je commis la maladresse de spontanéité de répondre "tout blanc", et bien sûr il ne comprit pas.
En effet la tradition pour le repas de Noel, au moins en famille proche, était de préparer une cuisine "blanche" - peut être vient de là la tradition des boudins blancs inconnue chez nous alors - c'est à dire des quenelles à la creme, accompagnées parfois de morilles, des vols au vent financiers, une poule à la crème ou au riz, je me souviens également d'un brochet en gelée etc. avant la traditionnelle bûche très simple, genre biscuit roulé, que ma mère faisait la veille, ou une autre plus sophistiquée, avec un glaçage meringuée. Point de champagne, ni d'apéritifs; Par contre, je me souviens avoir goûté à cette occasion les meilleurs crus de Bourgogne, qui alors valaient trois francs six sous, mais semblaient authentiques par leur pinot ou chardonnay.
La veillée de Noel, puisqu'il fallait attendre l'heure de la messe, était simple avant le temps de la télévision, jusqu'a mes dix ans. On sortait l'électrophone pour écouter les lettres de mon moulin, par Fernandel, ou quelque opérette, de Franz Lehar, ou des valses.
Mais je me souviens surtout d'une forte joie chez les gens, malgré cette simplicité. Hier, revenant d'une crèche dans Paris, j'ai été surpris que les gens, parfois chargés de paquets, ou de desserts, ne semblaient pas vraiment heureux. On voyait comme une fatigue, une lassitude, une obligation.
Je ne sais pas encore si la messe de St Sulpice avait du monde hier soir. Mais à l'inverse de F. Mauriac, je n'ai pas de servante, donc je vais aller reprendre le fil de la cuisine, en écoutant des Noels de Louis Claude DAQUIN, compositeur oublié, mais dont les oeuvres pour les orgues de Noel sont si belles. Elles disent cette joie de l'enfant qui vient de naître.